Crise malienne : Hollande désavoue Compaoré

27 September 2012 - 03:42
27 September 2012 - 03:42
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La médiation dans la crise malienne a été confiée à Blaise Compaoré, un célèbre et douteux médiateur.  Contrairement à ce que l’on tente de nous faire croire, la visite de Blaise Compaoré à l’Elysée la semaine dernière a permis au président français de tirer une conclusion sur les intentions floues de sa médiation. Ainsi, hier, c’est en prenant la question à bras-le-corps, que François Hollande a demandé à l’Onu de convoquer urgemment le Conseil de sécurité et de désigner un émissaire pour le Mali; une médiation sans imposture, après avoir demandé à Blaise Compaoré de revoir son rôle d’arbitrage dans la crise malienne. Aussi, à Bamako, la recherche d’un interlocuteur crédible, pour remplacer le premier ministre est en vue. [caption id="attachment_88762" align="alignleft" width="310"] François Hollande[/caption] Visiblement la carrière « de chouchou de la France » du président Blaise Compaoré touche à sa fin, avec l’arrivée au pouvoir du socialiste visionnaire François Hollande. Si François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy lui ont accordé leur confiance à long terme, tel n’est, sans doute, pas le cas pour François Hollande qui incarne les nouvelles valeurs de la politique socialiste en France.  Toutes les rébellions qu’a connues  l’Afrique au cours des deux dernières décennies, Blaise Compaoré les a cautionnées. François Hollande a promis de mettre fin à la fameuse Françafrique, une coopération gagnante-perdante impérialiste qui s’articule avec la complicité des chefs d’Etats africains de la trempe de Blaise Compaoré.  En plus de cela, il compte participer vivement à une recherche de solution pour sortir le Mali de cette crise. C’est ainsi que le 18 septembre dernier, à Paris, avant de participer à la 67ème session ordinaire de l’Onu,  il a reçu l’homme  qui  a servi docilement, au grand dam de l’Afrique occidentale, ses prédécesseurs pendant un quart de siècle, le médiateur imposé par la Cédéao, mais aussi celui qui est connu comme étant l’incontournable parrain des plus sanglantes rébellions en Afrique et cité par des sources françaises pour avoir organisé la livraison d’armes au Mujao dans le nord du Mali. Il s’agit de l’indéchiffrable Blaise Compaoré. Plus décidé que jamais, François Hollande s’engage dans la mise en œuvre d’une intervention militaire urgente pour libérer le nord du Mali. Il semble convaincu que la médiation burkinabè est clairement contre toute intervention militaire, alors que le Mali a officiellement saisi l’Onu sur la question. « Nous partons d’un principe simple. Il y a des Maliens qui revendiquent l’indépendance, il y a des Maliens qui veulent faire la Charia dans tout le Mali. Comme un peu partout ailleurs. Il y a des Corses qui veulent l’indépendance, on n’attaque pas les Corses. Il y a des Québécois qui demandent l’indépendance, on n’attaque pas les Québécois. Il faut qu’on discute d’abord pour voir si on peut les intégrer dans la République, si on peut limiter les revendications extrêmes, parfois extrémistes». Voici là une éloquence qui fait tomber le masque du président Compaoré, aux yeux de la France et qui confirme les dires des uns et des autres sur sa position dans la crise malienne. Il oublie que ces indépendantistes, qu’il cite à titre de comparaison, ne collaborent pas avec Aqmi et n’ont jamais commis de crimes semblables à celui d’Aguel Hoc, encore moins, ne représentent pas un grand danger pour la stabilité planétaire. En réalité, la France voit en ces propos du président Compaoré une sorte d’apologie du terrorisme au nord du Mali. Ainsi  François Hollande lui a demandé de revoir son rôle de médiateur dans la crise malienne; ce dernier lui fait savoir qu’il tenait à ce poste que la Cédéao lui a confié. Et c’est fort de ce constat déplaisant que François Hollande a radicalement, avec des verbes durs, défendu le dossier Mali au siège de l’Onu et après avoir rendu compte à Ban Ki-Moon, il demande à ce dernier de faire déléguer un émissaire international pour le Mali, en remplacement de la médiation de Blaise Compaoré. La France, avec l’aval de l’Onu, le mettra sur la touche, rapidement. Le Premier ministre, aussi,  doit être mis hors jeu La France et l’Onu veulent absolument faire le ménage autour de la crise malienne avant l’intervention militaire, d’abord au niveau de la Cédéao, en déblayant Blaise Compaoré comme médiateur. Ensuite, au niveau de Bamako, en débarrassant le plancher du Premier ministre Cheick Modibo Diarra, qui constitue un réel frein pour le processus de retour à la stabilité, à cause de son égo démesuré. Qu’on ne s’y trompe pas, une rapide intervention militaire n’arrange aucunement le Premier ministre. Puisqu’une fois, le pays débarrassé des envahisseurs, des élections seront imposées au Mali. Lui, il sera contraint de quitter son fauteuil de « tout-puissant Premier ministre d’un pays en détresse» qu’une regrettable erreur de l’histoire lui a offert. Ce dont on peut être sûr, malgré les apparences, c’est que Cheick Modibo Diarra, porte-étendard des déstabilisateurs du sud du Mali, n’a pas dit son dernier mot pour empêcher une intervention militaire au Mali. Les jours à venir nous le dira. La France en est consciente. Et elle n’hésitera pas à ménager des efforts démagogiques, comme elle sait si bien le faire, pour destituer le Premier ministre malien. La classe politique marginalisée, la société civile sans voix, elle pourrait envisager de les mobiliser, les soutenir pour pousser le Premier ministre à céder. D’ailleurs, vu la passivité du Président intérimaire, Dioncounda Traoré, à l’égard des déstabilisateurs sociopolitiques de Bamako, il est plus qu’important de trouver un interlocuteur crédible pour mener à bien le processus de libération du Mali. En un mot, un autre Premier ministre de transition digne de ce nom pour épauler le Président intérimaire. Quant à Dioncounda Traoré, c’est la Constitution qui l’a mis où il est et il faut s’en accommoder. A Paris, aussi bien qu’à New York, le Président français, comme la majeure partie de la communauté internationale, a dit que l’heure n’est plus au dialogue pour résoudre la question malienne. «Il n'y a pas de temps à perdre», a dit le Président français. « La France, je l'annonce ici, soutiendra toutes les initiatives permettant que les Africains eux-mêmes règlent cette question dans le cadre de la légalité internationale avec un mandat clair du Conseil de sécurité. Oui, il faut que le Mali retrouve l'intégrité de son territoire», tels sont les propos que François Hollande a soutenus à New York, mardi. Hier, il a renchérit sa position, « La France demande au plus vite une nouvelle convocation du Conseil de sécurité de l'ONU pour examiner la demande malienne d'une force de stabilisation pour organiser la reconquête du nord Mali », a-t-il déclaré la  réunion consacrée à la crise sahélienne en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. « Ce qui se produit au nord Mali est une menace pour l'Afrique de l'ouest, le Maghreb, et c'est également un risque pour l'ensemble de la communauté internationale. Quand un territoire grand comme la France est occupé par des groupes terroristes. Alors nous sommes devant une menace qui concerne l'ensemble du monde », a-t-il avisé. Il est à préciser qu’au sujet de la question de nomination d’un émissaire de l’ONU en qualité de médiateur, abordée mardi par lui et Ban Ki-Moon, des sources diplomatiques nous rapportent que les noms de l’ancien président de la commission de l’Union africaine, Dr Jean Ping et Dr Mohamed Ibn Chambas, l’ancien président de la commission de la Cédéao sont cités. Nouhoum DICKO

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