A.T.T – Modibo Sidibé : Les vraies raisons du divorce
Depuis cet incident, le Chef de l’Etat et son présumé « dauphin » se voient de moins en moins, ne se parlent plus. Ou presque. En dépit de leurs efforts pour sauver les apparences.
Leur amitié a duré vingt –cinq ans. Vingt –cinq ans de fidélité. Mais surtout, vingt –cinq ans de loyauté qui viennent de voler en éclats. Comme par magie.
Le Chef de l’Etat et son désormais ex –Premier ministre étaient liés comme les doigts de la main. Au point de susciter une certaine jalousie dans le premier cercle du pouvoir. Du coup, Modibo Sidibé, considéré comme l’un des rares cadres de notre pays qui ne traînerait pas de casserole, apparaissait aux yeux de l’écrasante majorité des Maliens comme son successeur potentiel sur le trône de Koulouba.
Si leur amitié a duré un quart de siècle, elle n’a pas résisté à l’épreuve du pouvoir.
Tout a débuté, fin mars. C’était un week-end, précise notre source, proche des deux hommes.
Le Chef de l’Etat avait besoin de son Premier ministre, pour lui confier une mission, dit –on, de la plus haute importance. Modibo Sidibé était injoignable sur son téléphone portable. Plus d’une trentaine de tentatives se sont toutes soldées par un échec. Non seulement les appels de A.T.T ne passaient pas ; pire, le téléphone de Modibo Sidibé était fermé. Nerveux, le Chef de l’Etat s’adresse à un « proche », voire très « proche » du Premier ministre en ces termes : « Mais où est donc Modibo ? Je n’arrive pas le joindre, ni à son domicile, ni sur son portable ! ». Réponse de ce dernier : « Il est chez Alpha Oumar Konaré à Titibougou ».
Le sang de A.T.T, selon notre source, ne fait qu’un tour. « Comment peut –il aller discuter de sa future candidature avec Alpha, alors que le pays a besoin de lui ? », s’interroge A.T.T, la mine grave et les yeux rouges de colère. Pour la première fois, depuis vingt –cinq ans, il doute de la loyauté de son ami à son égard. Un ami à qui, Modibo Sidibé aurait confié qu’il ne sera pas candidat à la présidentielle de 2012.
Mais trois heures après, coup de théâtre : remarquant les appels en absence du président de
Pour le Chef de l’Etat, pas de doute : son ami mijote quelque chose avec Alpha Oumar Konaré, son prédécesseur. Alors, pourquoi lui avoir dit qu’il ne sera pas candidat à la présidentielle à venir ? Pour la première fois, A.T.T. croit venue l’heure de se séparer avec son ami. Un ami qui, selon lui, a eu l’outrecuidance de lui cacher ses intentions : faire acte de candidature à la présidentielle de 2012
Pour la première fois, il décide de prendre les devants, en se séparant de tous ceux qui sont pressentis comme candidat à la candidature. La suite, on la connaît. Le 30 mars, à l’issue du conseil des ministres, les membres du gouvernement se lèvent pour aller déguster le petit four dans une salle attenante à celle du conseil des ministres, quand A.T.T leur demande de se rasseoir. « Je voudrais vous annoncer qu’à partir de ce jour, je mets fin à vos fonctions ministérielles. Je vous remercie tous pour votre collaboration ».
Cette déclaration sonne comme un coup de tonnerre dans ciel serein. Une atmosphère de deuil règne dans la salle.
Trois heures dans la salle du conseil des ministres, ça creuse. Mais ce jour –là, les membres du gouvernement avaient perdu leur appétit. Certains ont mis de longues minutes avant de rejoindre leur voiture. D’autres ont frôlé la crise cardiaque.
Et le 3 avril, A.T.T prend tout le monde à contre –pied, en nommant Mme Cissé Mairam Kaïdama Sidibé, Premier ministre.
Depuis, poursuit notre source, A.T.T ne souffle plus dans la même trompette que son ami et ancien Premier ministre. Même si, lors de sa rencontre, le 12 juin dernier avec la presse, il pretend le contraire : « Modibo Sidibé a passé une bonne partie de sa carrière avec moi. Il m’a suivi partout avec beaucoup de loyauté. Nous nous sommes quittés, mais nos relations demeurent cordiales », a-t-il dit.
Vieille d’un quart de siècle, l’amitié et la confiance qui liaient Modibo Sidibé à A.T.T viennent de s’écrouler. Comme un château de sable. Elles n’ont pas résisté à l’épreuve du pouvoir.
Oumar Babi
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