Au moins une vingtaine de combattants du MNLA ont été tuées et plusieurs autres blessées lors de violents affrontements entre groupes armés.

La ville de Gao s’est réveillée le mercredi 27 juin sous le bruit des tirs à l’arme lourde. Un violent combat a en effet opposé les combattants du MNLA au Mujao et Ancardine. Selon des témoins joints par téléphone, ces affrontements ont lieu près du gouvernorat. On déplore une vingtaine de morts et des dizaines blessés. Les jeunes ont brandi le drapeau national du Mali sur le gouvernorat.
Nos correspondants sur place signalent que le MNLA a été complètement défait par le MUJAO considéré comme un mouvement dissident d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) lui-même, une filiale d’Al Qaïda, et les jeunes manifestants de la ville. «Le MUJAO est venu parachever notre œuvre », souligne un jeune du Collectif «Nous pas bouger».
Et de poursuivre : «Ils sont tous des islamistes ! Le MNLA est venu sous le manteau d’Ançardine et du MUJAO tous sortis des entrailles d’AQMI… Il ne faut pas que les parrains occidentaux du MNLA, nous fassent croire que ce mouvement a des revendications identitaires. Même là, quelle ethnie n’en a pas au Mali? Tout peut se discuter au Mali actuellement sans prendre le moindre couteau. Si des rebelles se croient forts ou braves pour prendre des armes contre leurs frères maliens, qu’ils s’assument… Ceux qui ont pris les armes sont des maliens et nous les avons considérés comme tels, croyant qu’ils peuvent raisonner un jour ou l’autre. Certes beaucoup d’erreurs ont été commises par le passé dans la gestion des rebellions au nord. C’est pourquoi, il est important de prendre le temps pour comprendre la situation afin d’éviter l’amalgame. Les jours suivants seront durs pour tout le monde».
Les affrontements font suite à la mort d’un Conseiller municipal abattu lundi dernier à la faveur d’une manifestation des jeunes demandant le retrait total des groupes armés de la ville. La victime, Idrissa Oumarou, est un enseignant et membre du parti Adema pasj.
Des témoins accusent les rebelles touareg du MNLA d’être l’auteur du tir pendant que d’autres parlent des islamistes d’Ançardine qui contrôlent une partie de la ville et même de la région.
La tension était auparavant montée d’un cran quand des hommes armés avaient empêché des jeunes de jouer au football et de regarder la télévision. Ce qui avait provoqué de violentes manifestations anti-islamistes réprimées, elles aussi et ayant fait au moins cinq blessés.
Rappelons que le nord du Mali est le théâtre de violences et de violations des droits de l’Homme depuis qu’il est tombé aux mains des rebelles touaregs, des islamistes armés et de divers groupes criminels il y a près de trois mois, à la faveur d’un coup d’Etat militaire perpétré à Bamako le 22 mars.
Amadou Camara (Aujourd’hui – La Résistance)