La junte militaire trinque, les Maliens se soûlent
L’interpellation, lundi et mardi derniers, de plusieurs personnalités politiques, militaires et civiles, par la junte militaire, a suscité un concert d’indignation ; mais aussi de colère.
D’abord, à l’intérieur de notre pays. Qualifiées tantôt de « bicéphalisme au sommet de l’Etat » ou d’ « acte illégal et barbare », ces interpellations ont été condamnées, à l’unanimité, par la classe politique malienne. De quel droit, le capitaine Amadou Haya Sanogo, Chef de la junte militaire, peut –il procéder à des arrestations alors qu’il n’est plus le chef de l’Etat, depuis l’investiture du Pr Dioncounda Traoré, le 12 avril, comme Chef d’Etat par intérim ? S’interrogent les leaders du Front Uni pour la Sauvegarde de la Démocratie et la République (FDR). C’était au cours de leur conférence de presse, tenue mardi dernier, en milieu d’après –midi, à la Maison de la presse. Et de rappeler, devant des journalistes médusés, l’article 10 de la constitution, rétablie par la junte militaire : « Nul ne peut être détenu dans un établissement pénitentiaire que sur un mandat délivré par un magistrat de l’ordre judiciaire ». or, assurent les leaders du FDR, la junte militaire ne disposait d’aucun mandat d’arrestation.
Dans un communiqué, diffusé par la presse, ils invitent « la CEDEAO, la Communauté internationale et l’opinion démocratique mondiale à la vigilance, afin que la junte militaire, qui a perpétré le coup d’Etat militaire du 22 mars, retourne effectivement dans les casernes et n’interfère pas dans le processus constitutionnel restauré ».
De leur côté, Mr Djibril Bassolé, représentant du médiateur dans la crise malienne (Blaise Compaoré) et Adama Bictogo, ministre ivoirien de l’Intégration africaine, s’apprêtent à rencontrer la junte militaire.
Objectif : libérer les personnalités arrêtées, afin de décrisper l’atmosphère politique polluée par ce que d’aucuns qualifient de « chasse aux sorcières ».
Réputé pour son sens de la mesure, Dioncounda Traoré, président de la République par intérim, a rappelé au chef de la junte militaire que de « telles pratiques ne s’accommodent pas avec les exigences d’un Etat de droit ».
La France, par la voix du porte –parole du ministère des Affaires Etrangères, condamne ces arrestations.
« Nous condamnons, fermement, ces arrestations arbitraires. Nous appelons au respect de l’intégrité de ces personnalités qui ont été arrêtées », indique le porte –parole du ministère français des Affaires Etrangères. Avant de conclure : « Des pas positifs ont été accomplis au cours des derniers jours suite à la médiation de la CEDEAO… Le pays est sorti de l’impasse, dans lequel l’avait mené ceux qui avaient conduit le coup d’Etat. Il faut, maintenant, vite revenir sur le terrain du droit et sur la mobilisation de tous, pour permettre au Mali de repartir très vite de l’avant ».
Aucune explication officielle n’a, encore, été donnée par la junte militaire. « Le moment venu, vous saurez pourquoi il y a eu ces arrestations », indique une source proche de la junte militaire à notre confrère de l’AFP.
Oumar Babi
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