OUAGADOUGOU - Une délégation de la rébellion touareg malienne du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) s'est déclarée samedi disponible pour des négociations, au cours d'une première rencontre avec le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur ouest-africain pour la crise au Mali.
[caption id="attachment_64462" align="alignleft" width="350" caption="Le médiateur burkinabè Blaise Compaoré, le 2 mai 2012 à Ouagadougou © AFP"]

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La délégation conduite par un responsable du MNLA, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, a été reçue durant environ deux heures au palais présidentiel à Ouagadougou par M. Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), accompagné de son ministre des Affaires étrangères Djibrill Bassolé.
A l'issue de la rencontre, M. Assaleh a indiqué à la presse avoir remis au président Compaoré une lettre du secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Achérif.
Dans la lettre il est dit que nous sommes disponibles, (...) nous acceptons vraiment la médiation de la Cédéao, de la communauté internationale pour une sortie de crise, a-t-il expliqué.
Interrogé sur la proclamation de l'indépendance de l'Azawad (région nord) par son mouvement, rejetée partout à l'extérieur, le responsable touareg s'est montré ouvert, avançant que c'est quand on sera à la table des négociations que nous définirons ce qu'est l'indépendance.
Mi-mai, le Burkina avait fait savoir que des consultations, via des émissaires dépêchés dans le Nord malien, avaient démarré avec les groupes armés, dont le MNLA, qui contrôlent depuis fin mars cette région.
Après avoir lancé l'offensive contre l'armée malienne mi-janvier, le MNLA s'est retrouvé ces dernières semaines supplanté sur le terrain par le groupe islamiste Ansar Dine et son allié jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Un projet de fusion entre le MNLA, au départ sécessionniste et laïc, et Ansar Dine, qui prône la charia (loi islamique) dans tout le Mali, a été suspendu récemment en raison de fortes divergences sur la question de l'application de la charia.
Le mouvement rebelle touareg apparaît depuis lors divisé entre partisans d'une fusion et ceux, en particulier ses responsables basés en Mauritanie et en France, qui y sont farouchement hostiles.
Le MNLA se démarque carrément de tout autre groupe armé à velléité islamique dans la zone, a affirmé le chef de délégation à Ouagadougou. Ce n'est pas de notre vision politique, de notre culture, de nos moeurs, de nos traditions, de prôner une charia.
Un accrochage entre éléments du MNLA et d'Ansar Dine dans la nuit de jeudi à vendredi près de Kidal, l'une des grandes villes du Nord malien, a rappelé la précarité de la situation.
L'Union africaine (UA) s'apprête à saisir l'ONU pour obtenir son appui à une intervention militaire dans le nord du Mali, ont annoncé jeudi à Abidjan des responsables des Nations unies, de l'UA et de la Cédéao.
A l'issue d'une réunion de chefs d'Etat mercredi à Lomé, la Cédéao avait appelé à la poursuite des négociations avec les mouvements armés à l'exclusion des groupes terroristes, mais décidé d'une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU en vue d'une éventuelle intervention.
Toutefois les contours, les composantes et le mandat exact d'une telle opération dans l'immense Nord malien ne sont toujours pas déterminés.
On n'a pas le choix: si la Cédéao ou la communauté internationale choisit de nous faire la guerre, nous allons nous défendre comme nous l'avons fait (face à) l'armée malienne sur le terrain, a réagi M. Assaleh.
Le chef de la diplomatie burkinabè s'est réjoui que le MNLA marque sa disponibilité à trouver une solution négociée à la crise.
La réunion de samedi a servi à préparer les conditions et les modalités du dialogue, a-t-il fait valoir, promettant que la Cédéao associerait les acteurs régionaux importants que sont l'Algérie et la Mauritanie à la recherche d'une solution durable.
(©AFP / 09 juin 2012 18h49)