Libération de Lazarevic: le président malien menace les jihadistes libérés (Info RFI)

16 Décember 2014 - 22:56
17 Décember 2014 - 07:07
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[caption id="attachment_388702" align="alignleft" width="360"]Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République malienne Ibrahim Boubacar Keïta.
REUTERS/Louafi Larbi[/caption]
C’est la première fois qu’il s’exprime depuis la libération de l’otage français, Serge Lazarevic, et le président malien Ibrahim Boubacar Keïta joue la fermeté. Il annonce en exclusivité sur RFI que les quatre hommes sortis de prison en échange du Français seront traqués où qu’ils soient. Les armées maliennes, françaises et nigériennes mettront tout en œuvre pour les retrouver, selon le chef de l’Etat malien.
RFI : Beaucoup de Maliens n’ont pas compris pourquoi quatre jihadistes, détenus à Bamako, ont été remis en liberté, il y a quelques jours. Qu’est-ce que vous pouvez leur dire ? Ibrahim Boubacar Keïta : Je peux leur dire ceci : il n’est pas toujours facile de décider, surtout quand il s’agit de sujets aussi graves que ceux qui touchent à la vie et à la liberté. Nul, au Mali, de bonne foi ne peut mettre en doute le fait que, pour moi, la vie d’un Malien est un pesant d’or ; nul, je pense, en France ne pourrait mettre en doute le fait que pour Hollande, la vie d’un Français vaut son pesant d’or. Nul ne pourra mettre en doute le fait que pour mon frère, Mahamadou Issoufou, la vie d’un homme vaut un pesant d’or. Tous trois, nous partageons les mêmes valeurs fondamentales qui placent l’homme au cœur de tous nos projets. Cette décision concernant la libération de Serge Lazarevic, ce souci de contribuer à faire en sorte qu’il recouvre ce dont aucun homme ne devrait être privé, nous avons commencé à en parler dès le sommet de Paris, il y a un an. Nous en sommes seulement là, à l’épilogue qui a été fort heureux. Une décision grave donc, qu’il nous aura fallu prendre mais une décision qui fait en sorte, aujourd’hui, que nous n’avons plus aucun otage français dans le Sahel. Nous ne pouvons pas vouloir une chose et son contraire : une force française d’appui à la lutte contre le terrorisme efficace et, en même temps, entravée. Il n’est pas facile, lorsqu’on a un ressortissant d’un lien de cet esclavage moderne qu’est le terrorisme, que l’on puisse déployer toute sa capacité de réduction de cet ennemi de l’humanité qu’est le terrorisme. Cela est un élément essentiel. Ensuite, que nul ne se méprenne sur notre détermination à poursuivre, par tous les moyens, ces hommes-là qui se sont rendus coupables d’une telle ignominie où qu’ils se trouvent. Voulez-vous dire que les quatre jihadistes libérés ont des soucis à se faire ? Je ne vous le fais pas dire. A leur place, j’eusse préféré rester en prison. Vous allez les traquer ? Totalement. Toutes nos forces françaises, maliennes, nigériennes… c’est un devoir vis-à-vis du compagnon de Serge Lazarevic ; c’est un devoir d’honneur vis-à-vis de Kola Sofara, le gardien de prison malienne dont la vie n’était pas à vendre aux chiens. Oui, parce que parmi les quatre jihadistes libérés, il y en a qui, lors d’une tentative d’évasion, avait tué un gardien de prison, d’où l’émotion à Bamako ? Absolument. C’est ce que je viens de vous dire. La mort de Kola Sofara ne sera pas vaine. J’ai reçu sa famille. Cela a été un grand moment d’émotion. Je la remercie de sa totale compréhension et je lui ai promis que Kola reposera en paix très prochainement, Inch Allah ; que sa mort ne saurait rester vaine. Mais tout de même, libérer quatre jihadistes dont les deux ravisseurs de Serge Lazarevic et Philippe Verdon, j’imagine que, pour vous, cela a dû être une décision très difficile à prendre, peut-être même à contre-cœur, non ? Si l’homme d’Etat n’avait qu’à prendre des décisions faciles, il n’aurait pas de sens. Je pense que nous avons un tableau de bord où il y a le bon et le moins bon ; il y a le facile et il y a le difficile, le périlleux. Nous savons que nous avons fait en sorte que justice in fine se fasse et justice se fera inch'Allah. Vous n’avez pas hésité ? Pas du tout. Pas du tout. En fait, c’est François Hollande et Mahamadou Issoufou qui vous ont demandé de faire ce geste ? Je crois que l’on peut comprendre le souci du président de la République française et ce souci, nous l’avons partagé, mon frère Mahamadou Issoufou et moi. Nous sommes en liaison constante pour toutes les raisons que vous savez et il ne se passe pas de semaine sans que nous ayons un ou deux entretiens. Nous sommes donc en parfaite symbiose et nous avons les mêmes soucis et les mêmes défis. Ceux de Mahamadou Issoufou viennent d’ailleurs de s’accroitre davantage avec cette histoire de Boko Haram. Quand on sait, aujourd’hui, qu’il a près de 150 000 réfugiés sur son territoire, dans la région de Diffa, c’est dire que nous partageons les mêmes possibilités de solution et que nous ne prenons donc pas de décisions à la légère. Chaque décision que nous prenons est grave et nous le savons. Il reste trois otages : un Suédois, un Néerlandais et un Britannique d’origine sud-africaine. Et nous nous soucions d’eux. Dans le communiqué que nous avons publié à la suite de la libération de Lazarevic dont nous nous sommes félicités, nous avons dit rester préoccupés par leur sort et nous ferons tout ce que nous pourrons, absolument tout. Nos services maliens, français et nigériens ont abattu un travail louable pour que nous arrivions à libérer Lazarevic et ainsi rendre le reste possible, inch'Allah.
Que nul ne se méprenne sur notre détermination à poursuivre par tous les moyens ces hommes-là qui se sont rendus coupables d’une telle ignominie, où qu’ils se trouvent. A leur place, j’eusse préféré rester en prison. [Nous allons les traquer], de toutes nos forces : françaises, maliennes, nigériennes. C’est un devoir.
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Ibrahim Boubacar Keïtaprésident malien 16/12/2014 - par Christophe Boisbouvier

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