Crise libyenne et malienne : Sarkozy sur l’échafaud
Affaire Bygmalion : vers une nouvelle mise en examen de Nicolas Sarkozy ?
Selon des révélations, tout indique à croire aujourd’hui que Nicolas Sarkozy est le principal instigateur de la crise libyenne dont les effets collatéraux secouent fortement toute la bande sahélienne et principalement le Mali. L’ancien chef d’Etat français contre lequel des voix appellent à son interpellation devant la CPI se lance dans la course à l’Elysée en 2017.
Français d’origine hongroise, Nicolas Sarkozy qui n’a passé qu’un mandat à la tête de l’Etat français (2007-2012) veut rempiler en 2017 alors que l’opinion publique de son pays l’avait jugé comme l’un des piètres chefs d’Etat de l’histoire de la France. Il a quitté l’UMP qui l’avait porté aux affaires en mai 2007 pour créer le parti Les Républicains dont il veut être le porte étendard à la présidentielle de 2017. Il a décliné son projet de candidature dans un livre intitulé, « Tout pour la France » et qu’il a expliqué en cinq points : « le défis de la vérité », « le défis de l’identité », « le défis de la compétitivité », « le défis de l’autorité » et le « défis de la liberté ».
La justice française lui laissera-t-il la liberté de briguer la magistrature suprême ? En tout cas, il est rattrapé par la justice pour financement illégal de sa campagne en 2007 avec l’argent du défunt président libyen, Mouammar Kadhafi. Cette main nourricière qui a contribué à son élection mais qu’il a fini par couper en créant non seulement le chaos en Libye tout en déstabilisant toute la région du Sahel particulièrement le Mali.
Dans une chanson appelée « ma révolution musicale » qui fait le point des crises en Afrique et dans le monde, dont l’album a été lancé en 2013et qui reste d’actualité, le rappeur sénégalais, Didier Awadi, l’un des plus engagés de sa génération n’est pas allé de main morte contre Sarkozy dont il a lui aussi vertement critiqué son engagement et celui d’un philosophe français, Bernard-Henry Lévy dans la crise libyenne qui a entraîné le conflit au nord du Mali. Selon lui, « Sarkozy et Bernard-Henry Lévy, qui étaient en première ligne dans la guerre en Libye doivent être jugés par la Cour pénale internationale (CPI) pour leurs responsabilités dans la crise malienne ».
Au regard de toutes ces dénonciations venant non seulement d’un ancien patron de la DST française que d’un artiste engagé africain qu’est Didier Awadi, Sarkozy paierait-il ici-bas son crime contre l’humanité par au moins sa traduction devant la CPI ou celle-ci est faite pour les seuls Africains ? L’histoire appréciera.
Dans la guerre contre la Libye, Sarkozy avait un agenda caché. Dans le dessein d’en découdre avec Kadhafi qui avait étalé sur la place publique le financement occulte qu’il recevait de lui, l’ancien chef d’Etat français a remonté l’opinion internationale contre son désormais ex-bailleurs. L’Onu et l’Otan ont été mises à contribution sur la base de faux rapports et enquêtes sur l’armement dont dispose la Libye. Malgré que Kadhafi ait mis en garde contre les conséquences néfastes de la déstabilisation de son régime pour l’Afrique et le monde, rien ne fut envisagé pour lui épargner la guerre imposer par la seule volonté de Sarkozy.
Yves Bonnet, ex-directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST), le service de contre-espionnage français n’a pas manqué d’établir directement le rôle joué par Sarkozy dans la crise en Libye avec ses ramification dans d’autres pays comme le nôtre. L’ex-DG de la DST de 1982 à 1985 n’est pas allé avec le dos de la cuillère dans une interview accordée au journal algérien al Akhbar en avril 2015. Selon lui, « l’Afrique fait l’objet de perturbations sécuritaires de plus en plus dangereuses en raison du chaos provoqué en Libye, et dont les parties responsables sont bien connues à savoir l’Otan et la France. Or ces dernières n’ont pas tenu compte de quelque chose de grave, celui de réfléchir sur les résultats d’une intervention dans les affaires d’un Etat quelle que soit la nature de son régime ». M. Bonnet a ensuite accusé en ces termes. « Le gouvernement du président Nicolas Sarkozy et l’Otan ont entraîné la Libye dans un chaos et une perturbation sans précédent ». A ses dires, « ces deux parties savaient parfaitement la taille des conflits tribaux là-bas et leurs conséquences dans le cas où le pays sortait de sa stabilité ».
S’agissant du Mali, l’ex-patron du contre espionnage français avait fait une mise en garde contre la présence d’Al-Qaïda en Libye. « Nul doute que certaines parties en Libye sont contrôlées par Al-Qaïda, or cette dernière a implanté un homme [Iyad] dans une région vitale, ce qui est dangereux non seulement pour la Libye, mais tous les pays de la région », avait-t-il dit.
Chute de Kadhafi
La chute du Guide de la révolution libyenne en 2011 a d’abord entraîné la ruée sur notre pays des déserteurs de l’armée libyenne d’origines tamasheks, dont Iyad fut l’un des leurs. Ces ex-gardes de Kadhafi ne pouvaient trouver d’autres points de chute que leurs pays d’origine qu’est le Mali. Ils y sont rentrés avec armes de guerre et bagages. Ces combattants surarmés venus de la Libye ont fini par rejoindre les rangs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), engagé dans une guerre d’irrédentisme contre l’Etat malien avec comme revendication majeure la partition du nord du Mali sous le vocable « Azawad ».
Sarkozy n’a jamais caché sa sympathie pour le MNLA dont il résumait le nord à leurs seuls desiderata. Tout ou presque était fait par son régime pour soutenir ses amis qu’il appelait les hommes aux yeux bleus sous le prétexte que ceux-ci étaient persécutés. Son pouvoir à travers son ministre des Affaires étrangères de l’époque, Alain Juppé, ne cessait de dérouler le tapis rouge aux dirigeants du MNLA en mission à l’Hexagone et se réjouissait de leurs victoires militaires. Nouakchott du président Ould Abdel Aziz à la solde de Paris était l’une de leur base arrière où séjournaient fréquemment les responsables du MNLA.
Il est question d’un règlement de comptes avec l’ancien président Amadou Toumani Touré. Sarko en voulait à mort à celui-ci qui avait refusé de signer l’accord de réadmission des immigrés maliens en France à l’instar d’autres chefs d’Etat Africains. La signature de cet accord basé sur l’expulsion ou l’immigration choisie était partie intégrante de la politique d’immigration de Sarkozy pour compter sur le suffrage des Français pour un second mandat. Sarkozy ne voulait plus en outre sentir ATT parce que celui-ci et Kadhafi entretenaient des relations particulières alors qu’il demandait aux chefs d’Etat africains de prendre leurs distances du Guide libyen. Aussi, le président français tenait coûte que coûte à installer une base militaire française à Mopti. Le refus de son homologue malien à satisfaire ces différents points sont à la base de l’affaiblissement du Mali face à la rébellion ayant débouché sur le narco terrorisme.
Sarkozy assume à lui seul la double responsabilité de la crise libyenne à travers l’assassinat de Kadhafi et son prolongement de crise transfrontalière sur fond de narco terrorisme dont le Mali paye encore le prix fort. L’auteur de la tristement célèbre phrase : « l’homme africain n’est pas suffisamment rentré dans l’histoire », lancée au cours d’un voyage à Dakar et qui lui a valu la réplique énergique des historiens africains sous la direction de l’ancienne première dame du Mali et historienne, Mme Adame Bah Konaré, n’est pas prêt à laisser son ambition de déstabilisation du nord de notre pays une fois arrivé aux affaires. Il va davantage durcir les conditions de séjour à nos immigrés qui seront exposés à des retours forcés.
L’Etat est bien une continuité en matière de politique, mais son successeur François Hollande a fait une exception à la règle en stoppant la progression jihadiste sur notre pays. Quoi qu’on dise, l’intervention française a été salutaire pour le Mali, qui était menacé d’être rayé de la carte des pays indépendants démocratiques par l’occupation de forces obscurantistes.
Dans un récent débat sur France 2 en août 2016, dirigé par le journaliste David Pugidas, Sarko s’interrogeait encore sur la présence des militaires français au nord de notre pays. Ce qui en dit long sur sa volonté de laisser le Mali entre les mains des narco terroristes et autres séparatistes si les Français commettaient l’erreur de lui accorder leur confiance une seconde fois.
Abdrahamane Dicko
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