Le RSP arrête brutalement la transition à trois semaines des élections : Ou le revers des révolutions inachevées

Dans notre précédente édition, nous attirions l’attention de nos lecteurs sur l’anomalie du processus démocratique Burkinabè en relevant dans le nouveau Code électoral l’article 135  qui excluait les anciens du régime Compaoré dont Djibril Bassolé. La Démocratie, pour laquelle le peuple burkinabé avait mené sa Révolution aurait dû être la lanterne qui devait éclairer ce processus de transition. Tous les citoyens devraient avoir le droit de prendre part à ces élections même ceux-là qui avaient eu l’audace d’intenter à la sacralité de la Constitution en voulant activement  la modifier. Hélas, nos plus grandes craintes se sont malheureusement avérées justifier. En Afrique, un coup d’Etat en appelle toujours un autre, si les principes démocratiques ne sont pas globalement appliqués. C’est ce qui s’est passé au Faso. Des hommes politiques avaient de manière délibérée voulu  prendre  en otage la Révolution burkinabé afin de favoriser une frange de la classe politique au détriment d’une autre. C’est cette voie royale semble être interrompue par le putsch militaire condamnable du 16 septembre dernier.

21 September 2015 - 00:25
21 September 2015 - 00:25
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[caption id="attachment_1161802" align="aligncenter" width="730"]Burkina-Faso : un militaire annonce la destitution du président A la télévision publique burkinabè, un homme portant l'uniforme du RSP est apparu pour annoncer la dissolution des autorités de la transition, le 17 septembre 2015.
Télévision burkinabè[/caption] Du recul, il en faut, pour bien analyser la situation qui prévaut au pays frère du Faso. Certes, tout coup d’Etat est condamnable car il porte atteinte au fondement même du pouvoir par le peuple et pour le peuple. Mais, que l’on n’oublie surtout pas qu’un putsch n’est que souvent la sanction logique et implacable du système de mal gouvernance. Les autorités de la Transition sont coupables d’inexpérience pour avoir écarté de la compétition une partie du peuple dont les burkinabè de l’extérieur et ceux qui auront servi l’ancien régime du processus électoral.  La Transition en place n’a pas su ou plutôt voulu tirer tous les enseignements de la chute de Blaise Compaoré. Le projet de modification de la Constitution dans l’unique dessein de se maintenir était anti-démocratique bien que légal, aussi bien que le fait d’évincer les anciens soutiens du régime déchu. Si l’on prétend agir au nom de la Démocratie, l’on devrait laisser tous les fils du pays apporter leur pierre à l’édification du nouveau Burkina. Les autorités de la Transition n’auraient jamais dû, sous aucun prétexte, profiter de la haine que ressentait, dans le feu de l’action, une grande majorité du peuple burkinabé envers Blaise et ses alliés. La morale de la chute de Blaise aurait voulu tout simplement que le processus électoral soit ouvert à tous. C’est le propre même de la Démocratie de laisser toutes les tendances s’exprimer. En une année, le Burkina Faso est allé de putsch en putsch. D’abord, le coup d’Etat institutionnel qui avait été tenté par Blaise Compaoré pour modifier l’article 35 limitant le nombre de mandats présidentiels. Ensuite, le coup d’Etat citoyen mené par la Jeunesse burkinabè pour un système de gouvernance libre, juste et équitable. Puis, le coup d’Etat électoral, le mot n’est pas fort, des autorités de la Transition afin d’écarter certains candidats favoris qui auraient eu leur mot à dire à la présidentielle du 11 octobre, surtout en la personne de Djibril Bassolé. Et enfin, le coup d’Etat militaire qui survint à quelques encablures de la date fatidique du 11 octobre. Le code électoral « exclusionniste » : le prétexte et non la raison qui justifie le putsch Ce qui se passe au Burkina n’est que la somme d’un jeu d’intérêts dont le peuple est seul à en subir les retombées négatives. Précédemment, la classe politique dirigeante avait voté un nouveau code électoral pour arriver à ses fins. Maintenant, c’est l’ex garde présidentielle qui fait ce putsch profitant des failles politiques en place. Hormis le malaise des burkinabés de l’extérieur qui ne pouvaient pas voter pour le scrutin du 11 octobre prochain, la saisie de plus de 5000 fausses cartes d’électeurs augurait des lendemains sombres pour le pays. L’on savait que les autorités de la Transition en touchant au dossier sensible de l’assassinat du président Thomas Sankara signaient probablement leur « arrêt de mort » en raison des révélations compromettantes sur l’implication directe de Blaise Compaoré et de son ami de toujours, le Général Gilbert Diendéré. Et tout semble indiquer, eu égards à la coincidence des faits constatés que ce coup d’Etat a été commis pour étouffer les résultats des enquêtes menées. Ce qui explique que le timing du coup d’Etat ne soit pas anodin. C’est le jeudi 17 septembre 2015 date à laquelle les résultats de l’autopsie des restes présumés du président Thomas Sankara devaient être dévoilés. Et c’est à la veille, le mercredi 16 septembre 2015 que le coup d’Etat sera commis par le RSP. Pour un rappel historique, il faut noter que c’est Diendéré qui a mené l’arrestation de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987 alors qu’il était à la tête du Régiment. La leçon de l’Histoire qu’il faut retenir à présent est que les autorités de la Transition auraient dû se limiter à faire face à la seule priorité du moment à savoir : organiser des élections libres, crédibles, transparentes et inclusives afin de tourner la page Compaoré. Ahmed M. Thiam

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