Situation au nord du pays : Il est temps de procéder aux bons choix

13 March 2012 - 00:01
13 March 2012 - 01:34
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Il y’a des gestes dans la vie d’un homme comme dans celle d’une nation qui méritent d’être frappés en lettre d’or dans les annales de l’histoire. Par le largage des vivres à Tessalit pour ravitailler les populations civiles et militaires de cette localité encerclées par des forces ennemies, les Etats-Unis ont fait plus que nourrir une partie du peuple malien, ils ont nourri tout le peuple malien. Le peuple leur dit merci et  « May God Bless America». Ce pays n’est pas d’ailleurs à sa première fois, on se rappelle d’une opération similaire en 2009 à Tinzawaten. Quelque soit leur motivation profonde, dans ce lien de sang qui nous unit désormais, qu’il y a lieu de puiser les fondements des futures relations diplomatiques entre nos deux pays. Cette tragique guerre va façonner la personnalité du peuple malien et forcer ses valeurs et ses principes. Le Mali aurait dû recevoir un appui plus prononcé de la part de l’Algérie, en reconnaissance de la participation active de notre pays dans la guerre d’indépendance. En effet, à partir de 1960, l’actuel président algérien,  le  Commandant Abdelaziz Bouteflika, a été affecté par le FLN à Gao pour  diriger  le  «front du Mali » ;  tout le nord du pays  lui servit de  base arrière pour combattre les troupes coloniales françaises. D’ailleurs, cela  lui valut le nom de guerre de Si Abdelkader El Mali. Le Sahel dont fait partie le Nord du pays et le Maghreb font l’objet d’une bataille géopolitique dont les enjeux  économiques, sociaux et politiques dépassent  largement les frontières des pays concernés.  L’Algérie et le Maroc qui constituent les deux puissances militaires de la région s’adonnent à une course absurde et effrénée à l’armement pour se protéger « l’un contre l’autre ». La principale raison de cette hostilité est le Sahara Occidental appuyé par Alger qui lutte contre le Maroc, pour son accession à l’indépendance. Dans ce conflit qui ne nous concerne pas réellement, le Mali a toujours défendu la position d’Alger, se mettant à dos Rabat. Les mouvements radicaux algériens, « boutés hors du pays » avec d’autres groupuscules plus ou moins contrôlés depuis l’Algérie et depuis le Sahara Occidental ont élu domicile au Nord du Mali. Ils constituent le noyau d’AQMI qui s’associe ou coexiste avec d’autres groupes terroriste du même acabit.  Le Nord Mali constitue ainsi une aubaine pour ces deux pays qui y déversent leur racaille.  A cet imbroglio s’ajoutent les troupes armées multinationales organisées venues de Libye auxquelles se sont joints les insatisfaits des précédentes rébellions touarègues.  Enfin, il faut noter que la région qui est très riche en ressources minières (Niger, Mali, Algérie) suscite la convoitise des puissances occidentales. Cela explique la raison de la présence militaire française au Niger. Le Nord du Mali ne connait aujourd’hui ni  sécurité ni prospérité. Le pays n’a pas les moyens financiers de constituer et de maintenir une armée à la dimension de celles de l’Algérie et du Maroc. A titre d’exemple, en 2011, le budget militaire de l’Algérie (2947 milliards FCFA) qui augmente de 10 % par an était supérieur de plus de deux fois au budget du Mali (1326 milliards FCFA). Pour assurer une supériorité aérienne, il faut disposer de plusieurs douzaines d’avions de combat modernes qui coutent environ 45 milliards de FCFA l’unité.  Le Budget militaire du Mali (100 milliards environ) demeure très en deçà des ces possibilités  L’Algérie qui dispose d’un arsenal impressionnant n’a pas joué son rôle en assurant le soutien aérien aux forces armées maliennes qui ont continuellement  exprimé le besoin dans le cadre de la surveillance du territoire national depuis 2007. Pendant ce temps, Alger et Bamako continuait d’affirmer encore en octobre 2011 à Alger que les deux pays sont très jaloux de leur indépendance et que, par conséquent, sont contre la présence de toute force étrangère sur leur territoire, Les deux pays pensaient  pouvoir faire face ensemble à toute menace dans la région. Le Mali devenait ainsi le dindon de la farce .  En se dérobant, Alger qui a failli à sa mission, compromet sérieusement  le rôle de leadership qu’il cherchait à établir dans la région. Au Niger, pour protéger l’uranium et AREVA,  l’armée française fait discrètement le boulot. Sa présence est remarquable bien que les autorités ne veuillent pas en parler. Elle « boute » pour longtemps, la rébellion touareg hors du Niger ; donc  vers le Mali. La France qui ne voit pas d’un bon œil la présence américaine en Afrique n’hésitera pas à déstabiliser, comme à son habitude, tout pays de son arrière cour qui ne joue pas son jeu. Pour sauvegarder son intégrité territoriale et assurer le développement du septentrion, il n’est pas encore tard et il est temps de procéder aux  bons choix. Il importe aujourd’hui de nous tourner vers un partenaire stratégique qui est prêt à nous porter secours au moment où nous en avons besoin, ni avant ni après. Vivement que ce partenaire soit les Etats-Unis pour que les puissances régionales algérienne, marocaine et française ne  constituent plus une menace pour la stabilité du Mali. Ce choix stratégique contribuera à créer et à renforcer la paix, la sécurité et la stabilité de toute la région. Nous devons répondre positivement au message des américains  dont nous savons tout l’intérêt qu’ils portent au Nord du Mali à travers les multiples exercices militaires effectués dans notre pays plus que nulle part ailleurs sur le continent. Cela renforcera notre souveraineté au lieu d’y porter atteinte. Bien que  nos  ressources humaines et financières nous permettent aujourd’hui de sortir vainqueur de cette guerre qui nous est imposée, dès à présent, nous devons tous nous atteler à créer les conditions de cette future coopération. C’est dans les moments difficiles que l’on reconnait ses vrais amis. Tierno MAIGA

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