Depuis l’occupation des trois principales villes du nord de notre pays suivie plus tard par la proclamation de la fantomatique république de l’Azawad, les condamnations ont fusé de partout. La CEDEAO, l’Union africaine, les Nations Unies, la francophonie et l’ensemble des Etats du monde, ont réaffirmé leur attachement à l’intégrité territoriale du Mali. Si tous ont condamné ouvertement l’acte posé par des bandits armés, ils n’ont pas pour autant affiché la même unanimité quant à la façon de s’y prendre pour déloger cette horde de hors la loi. Une attitude qui tranche avec celle de la majorité des Maliens de plus en plus favorables à une action musclée pour bouter les bandits et leurs alliés djihadistes hors des frontières du Mali.

Toutefois, depuis l’occupation des villes de Gao, Kidal et Tombouctou, par les différents groupes armés, la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest a menacé d’intervenir militairement. Sans y parvenir pour l’instant. Sur le même sujet, les chefs d’état major de la CEDEAO s’étaient retrouvés à Bamako, il y a de cela quelques semaines. La même rencontre s’était poursuivie à Abidjan pour étudier les possibilités d’une intervention militaire. Au moment où nous mettions sous presse, il était prévu dans la capitale ivoirienne le jeudi 12 avril, la rencontre des ministres ouest africains des affaires étrangères et de la défense pour débattre de la situation qui prévaut dans le septentrion.
En tout cas, si la question d’une intervention militaire venait à se matérialiser, il va falloir que la CEDEAO dont la force en attente oscille entre 2000 et 3000 hommes, mobilise rapidement ces hommes, les équipe et leur apporte un soutien logistique. Les USA et la France ont montré leur volonté d’appuyer la force ouest-africaine. Mais faudrait-il que tout cela devienne opérationnel.
Beaucoup de pays penchent de plus en plus vers l’ouverture d’un cadre politique de dialogue avec les bandits armés. Une position illusoire et impensable, a déclaré le ministre nigérien des affaires étrangères. Mohamed Bazoum privilégie plutôt la guerre pour enrayer toute présence de bandits armés dans la région du sahel. « L’intervention militaire est une occasion pour les Etats de la région de se débarrasser des djihadistes et des autres groupes armés qui pullulent dans la zone » a-t-il déclaré sur les antennes d’une radio étrangère. Son appel a eu peu de chance de passer lors de la récente rencontre des ministres des affaires étrangères des pays du champ. Il a été mis en minorité par la Mauritanie et l’Algérie qui ont plaidé pour le dialogue dans la gestion de cette crise.
Cette prise de position de ces deux pays n’est guère surprenante surtout pour qui sait les nombreuses faveurs dont bénéficie le MNLA de la part de l’Algérie et de la Mauritanie. De l’Algérie, parce que les bandits armés ont des accointances avec certains officiers de l’armée. La Mauritanie constitue une base arrière pour le MNLA qui y a ouvert son bureau politique.
Le président Mahamadou Issouffou lors de son déplacement à N’Djamena, le mercredi dernier, a interpellé son homologue tchadien sur la nécessité d’une intervention militaire au nord du Mali. Par ailleurs, il ne serait pas aussi surprenant que le Nigérian Jonathan soit partisan de la méthode forte pour bouter les bandits. Lui dont le pays est confronté à une série d’attentats des djihadistes de Boko Haram dont certains sont annoncés au nord du Mali. Pour lui, l’occasion est inespérée d’en finir une fois pour toutes avec ces fous de Dieu.
Au Mali, l’idée d’une négociation ouverte avec les bandits a du mal à passer. Le collectif des ressortissants du nord a, au cours de ses nombreuses sorties, déclaré la guerre au MNLA et aux islamistes. De très fortes personnalités des localités nord du pays aidées en cela par de nombreux mouvements de jeunes disent être résolument engagées pour la libération totale du pays.
En attendant que les uns et les autres s’accordent sur la marche à suivre, ce sont les populations qui payent le plus lourd tribut. Elles qui sont constamment pillées, martyrisées par ces hordes barbares venues d’ailleurs.
ABDOULAYE DIARRA