Les rebelles peuvent-ils atteindre Bamako ? Réponse d’un militaire de terrain
La question est loin d'être saugrenue depuis que les bandits armés se sont accaparé deux tiers du territoire national. Elle est d'autant légitime que le maudit porte-parole du MNLA n'a pu digérer les propos cinglants prononcés par Dioncounda (à l'occasion de son investiture) et a, par conséquent, menacé de venir à Mopti, Ségou et même Bamako. La question est loin d'être idiote depuis que les rebelles ont conquis toutes les régions du nord sans pratiquement livrer de véritables batailles, surtout depuis qu'ils ont pu, en quelques heures, s'offrir la région qui abrite le poste de commandement de l'armée. Avec leurs chars, BRDM et autres, les vaillants militaires ont préféré se replier et ne pas livrer la bataille. Alors, depuis cette dernière menace du porte-parole du MNLA, les discussions vont bon train à Bamako. Les uns pensant que c'est du bluff, que les rebelles n'oseraient pas, les autres n'excluant plus rien, même la possibilité d'aller s'installer à Kati à partir du moment où les militaires dégagent les voies comme par magie, laissant souvent du matériel important à la disposition des bandits. C'est d'ailleurs ainsi que ceux-ci ont pu se procurer des BRDM et autre matériel de guerre abandonnés par nos militaires et qu'ils n'avaient pas du tout.
Face aux inquiétudes des uns et à la sérénité déguisée des autres, nous avons sollicité l'éclairage d'un militaire (lui-même moralement très affecté par la déroute de l'armée) sur le sérieux des propos tenus par le porte-parole du MNLA. D'emblée il reconnait la désorganisation de l'armée sans véritable tête actuellement. Il avoue aussi que la déroute de l'armée n'est pas liée uniquement à un problème de matériel. En effet, explique-t-il, il y a eu jusque-là très peu de véritables combats entre les deux parties. Les militaires se sont surtout repliés, parfois sans égards aux instructions de leurs chefs. Comme fut le cas à Kidal où le Commandant Goïta, selon nos sources, a tout fait pour maintenir sa troupe qui a préféré fuir le siège du camp par le MNLA. "Même un BRDM ne peut tenir face à un char. Or, l'armée a plusieurs chars, BRDM et autres que n'ont pas ou n'avaient pas les rebelles avant qu'on en leur laissât. Nulle part on ne peut dire que les BRDM ne sont pas du matériel adapté. La réalité est que, certes il y a un problème criard d'équipement, l'armée n'a pas livré de combat". C'est la lecture de ce militaire déjà aguerri à la guerre depuis les rebellions précédentes. Quant à la possibilité pour les rebelles d'atteindre Bamako, il l'exclut totalement. Et pour cause ! selon lui, la prise de conscience revient à grands pas au sein de l'armée : "Les militaires sont mal dans leur peau à cause de ce qui est arrivé et veulent défendre leur honneur, accomplir leur devoir", dit-il, avant d'ajouter que de nombreux militaires ont regagné Sévaré et sont positionnés même au-delà. Par ailleurs, des armes neuves ont été remises aux soldats, différentes de toutes celles, nombreuses faut-il dire, qui refusaient carrément de s'enclencher. Voilà enfin des paroles rassurantes qui s'ajoutent à celles du capitaine Sanogo dont la lecture du discours en Bambara et la fermeté de son ton ont redonné un peu de baume au cœur des Maliens. Mais pas tous, car certains commencent à mettre un peu d'essence de côté. Au cas où… Directions : Guinée, Sénégal. Pour ne pas, disent-ils, envisager un instant être les esclaves de Touareg ou de soi-disant Arabes. La majorité écrasante est, au contraire, prête à en découdre avec les bandits, même avec les mains nues : "Plutôt la mort que la fuite ou l'esclavage". Enfin le sursaut d'orgueil. Pourvu que sa continue.
La Rédaction
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