Le petit village perché sur une colline située entre Mopti et Gao est toujours en deuil depuis l’assassinat du chef traditionnel de Hombori, Moussa Balobo Maïga. Deux semaines après ce triste événement, votre journal « Le Combat » a rencontré la famille de « Hombori koï » (le propriétaire de Hombori) et accédé à la chambre du chef où l’assassinat a eu lieu.
Le samedi 3 mars, nous arrivons au village de Hombori. Et comme veut la tradition, nous devons passer par le griot de la famille du chef traditionnel pour nous faire annoncer. Nous laissons la route qui mène à Gao pour monter sur la colline où se trouve le village de Hombori. Deux voies mènent à ce village peuplé de plus de 8 000 âmes : une voie en escalier d’environ 100 m de long qui mène sur la colline (pour les piétons) et une autre voie en forme de serpent (pour les voitures).
Visite à domicile
Nous arrivons au milieu du village où la famille du chef de Hombori est au grand complet ; La maison de la chefferie est construite en terre (argile) et située au centre du village. Juste à droite de l’entrée de la maison se trouve la place de la sentinelle chargée de la sécurité du chef du village.
En longeant un petit couloir à droite, on accède à la cour du chef traditionnel de Hombori. Des chaises et des nattes sont installées pour les visiteurs. Et un peu plus loin, on aperçoit des femmes et des enfants encore sous le choc de la tragédie. Comme le veut la tradition religieuse (l’Islam), la femme du chef du village, désormais veuve, est restée à l’intérieur de la maison, loin des regards des visiteurs. En revanche, les sœurs, les nièces et les petits enfants du roi sont là pour accueillir les visiteurs. Le petit frère du chef du village décédé assure l’intérim. Mais au moment de notre visite, il était absent. Alors, la sœur du chef défunt, les petits enfants et le griot de la famille nous expliquent comment, cette nuit du 18 février 2012, un homme armé se faisant passer pour un élément du MNLA a tué le chef du village de Hombori.
Des témoignages de parents du défunt
« Tout a commencé lorsqu’un gendarme bien connu de tout le village a fait entrer un homme de teint clair (tamasheq) dans la maison du chef de village. A l’entrée de la maison, le gendarme a dit à la sentinelle que l’homme est venu voir le chef. Et comme le gendarme est très connu, la sentinelle croyait que c’est une affaire que le chef du village devait résoudre entre lui et le monsieur en arme », raconte Lélélé, le griot de la famille du chef du village de Hombori. Une fois dans la cour du chef, le gendarme monte avec l’homme armé jusque dans la chambre privée du vieux Moussa Balobo Maïga (78 ans). « Le gendarme a dit à l’assassin : « voici le chef du village » et a aussitôt fait demi-tour en laissant le chef du village et l’homme armé », ajoute Hama Galibo, petit-fils du chef traditionnel de Hombori. « En ce moment, mon grand frère venait juste de terminer la prière du « Maghreb ». Le petit soir, lorsque le monsieur en arme lui a demandé où se trouve la clé de la voiture, mon grand frère a répondu qu’il n’a pas de clé de voiture et qu’il ne sait même pas de quoi il s’agit. Alors le monsieur a pointé son arme sur Moussa (chef du village) qui a alors saisi à deux mains le bout du canon de l’arme. C’est ainsi que le premier coup de fusil est parti. Mon grand frère est tombé et l’assassin est aussitôt reparti. Nous étions paniqués, nous ne savons plus s’il faut empêcher l’assassin de sortir de la maison ou s’il faut secourir le chef. C’est ainsi que nous avons choisi la dernière option », raconte d’une voie cassée la sœur du chef du village, Pendale Maïga.
Le lendemain de l’assassinat du chef, les populations du village ont chassé et le préfet de Hombori, et tous les gendarmes et douaniers du village. « Pour nous, c’est un complot organisé contre mon grand-père avec la complicité de la gendarmerie. Ici, il y a beaucoup de gens qui n’aiment pas mon grand-père parce qu’il a toujours œuvré pour toutes les couches sociales qui habitent Hombori, y compris les Tamasheqs et Touaregs qu’il a toujours défendus », témoigne Hama Galiko. Mais selon certains habitants de Hombori, le chef du village a été tué par méprise car l’homme armé cherchait plutôt le chef de la gendarmerie et non le chef du village. Toujours est-il que des enquêtes sont en cours, « mais elles n’ont encore rien donné », précise le petit- fils du défunt, Mossa Balobo Maïga. En attendant, les populations de Hombori ont pris leur propre sécurité en charge. Quant à la famille du chef défunt, elle réclame que justice soit rendue.
Baba Ahmed à Hombori