Scandale foncier à Ouezzindougou : le conseil Communal au bord de l’implosion

Depuis quelques semaines, le spectre d’une tension plane sur Ouezzindougou dans la commune rurale du Mandé, Cercle de Kati. Un retrait sur près de 400 parcelles, effectué par le maire, Mamourou Keita, pollue l’atmosphère. La tension, qui est à son comble, divise, même, le Conseil Communal. Une visite sur le terrain du préfet du Cercle de Kati, le mercredi dernier, n’a pas permi de décanter la situation.  

27 Peut 2015 - 14:09
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Si vous devez vous rendre à la mairie de Ouezzindougou, un conseil: mieux vaut être sur vos gardes. En tout cas, ce n’est pas ce vieil homme et son fils qui ont été passés à tabac par des agents de la mairie qui diront le contraire. C’était mardi dernier, aux environs de 11 heures. En effet, ce jour-là, une violente dispute éclate entre un "agent" de la mairie et un vieil homme, accompagné de son fils d’une trentaine d’année, venu s’enquérir de la situation de sa parcelle. L’agent de la mairie dont nous tairons le nom, du moins pour l’instant, a, avec l’aide d’un gendarme en civil, roué de coups et déchiré les vêtements du jeune homme. Sous le regard impuissant de son père. Et ce, sans que l’agent de sécurité, en service ce jour-là, à la mairie, n’intervienne, ne serait-ce que pour s’interposer. Tous semblaient être indifférents. Face à notre étonnement, un homme s’est empressé de nous dire : « voici notre quotidien ici ». Ce n’était donc pas un cas isolé, mais un parmi tant d’autres. L’affaire a une suite.   « Chaque conseiller,  une parcelle » La loi est claire: le pouvoir de retrait des parcelles à usage d’habitation appartient au maire. Alors le maire, Mamourou Keita, a bien le droit de faire des retraits sur ces parcelles. Ce qui est décrié et déploré par la population, et même, par certains de ses collaborateurs, c’est le moment et la manière choisis par celui-ci de retirer les parcelles et de les réattribuer. Une parcelle à usage d’habitation non mise en valeur dans un délai de 2 ans, peut être retirée par le maire, selon une procédure bien déterminée (loi Hamidou Diabaté). Ainsi, voilà justifiée, légalement, la décision n°2014-36/ CRM du 20 Août 2014. Décision qui a permis au maire de procéder à des retraits. L’édile affirme, à qui veut l’entendre, que la procédure de retrait des parcelles suivie par un huissier de justice est légale et qu’il répondrait de ses actes en tout lieu. Le problème, c’est que cette affaire intervient à un moment où le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières a décidé de suspendre dans un délai de deux fois six mois, toutes les activités sur le foncier. La commune rurale du Mandé est-elle une exception à cette décision ministérielle? Un autre problème,  c’est que les " victimes" du maire affirment avoir été informées de la décision de retrait qu’après que celle-ci ait été effective. Alors que la loi exige que le retrait ne soit effectif qu’après une mise en demeure restée infructueuse. Au cours de notre investigation, nous avons appris que chaque conseiller à la mairie a, généreusement, reçu une parcelle de la part du maire. Histoire peut-être de s’assurer de leur soutien. Mauvais calcul ! Car, non contents des agissements du maire, certains conseillers communaux l’accusent, d’être « une sangsue ». A la tête des frondeurs, Hadi Touré, conseiller à la mairie et non moins 1er vice président du Conseil de Cercle de Kati. Selon lui, la décision du maire n’honore pas les élus qu’ils sont. En plus, elle a été prise sans que la tutelle n’en soit informée.   Pour qui roule  le préfet du cercle de Kati ? Peiné par les actes du maire, Hadi Touré a écrit au préfet du cercle de Kati, Baye Konaté. D’abord, pour lui expliquer la situation et ensuite lui demander d’intervenir. Aucune suite à sa demande. Alors, M. Touré rencontre le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, Mohamed Aly Bathily. Le ministre lui prête une oreille attentive puisque le mercredi, une délégation conduite par le préfet s’est rendu à la mairie, sur ordre du ministre. A l’issue de la réunion, la position du préfet du Cercle de Kati n’a pas été comprise par nombre de personnes. «Dans cette affaire vous devez vous unir et travailler ensemble. Tout sera réglé», telles sont les conclusions du préfet. Alors questions: le préfet de Cercle de Kati était-il au courant des agissements du maire. Serait-il complice? « Non ! » répond Hadi Touré. Le préfet ne roule pour personne. La vérité lui a été cachée. On lui a dit ce qu’on voulait qu’il entende. Alors pour éviter qu’une crise ne vienne s’ajouter à la crise que traverse le Mali, il a prôné la voie du dialogue au sien du conseil communal. Inutile de préciser que cette réponse ne convainc pas certains.  Pour eux, aussi puissant qu’il soit, le maire ne saurait effectuer un retrait sur des parcelles attribuées, jadis, par le préfet du Cercle sans que ce dernier ne soit au courant de l’affaire. Mieux sans qu’il ne donne son feu vert.   La population est  sur le qui-vive. Un climat de tension et de méfiance s’est installé à Ouezzindougou. Chacun se défend selon ses moyens, ses affinités. Les jeunes ont formé des brigades de lutte contre la spéculation foncière. Ils n’hésitent plus à démolir des chantiers sur les parcelles qui sont, selon eux,  illégalement attribuées par le maire. Affaire à suivre !!! Mamadou TOGOLA

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