Les étudiants crèvent de faim sur le campus, Le DG du CENOU et son comptable dépensent 3 560 000 FCFA en 2007/2008 pour l’achat de cartes de recharge : À qui profitent les services du CENOU ?

15 Juine 2011 - 00:00
15 Juine 2011 - 00:00
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À l’instar de plusieurs services publics de notre pays, Le dernier rapport (2010) du vérificateur général du Mali a décelé plusieurs disfonctionnements au sein du centre national des œuvres universitaires. Des défaillances financières, à la mauvaise gestion des ressources en passant par les carences administratives, le diagnostic sur cette structure est à la fois pertinent et interpellateur.  Seulement pour l’exercice 2007/2008, le centre aurait injecté 3 560 000 FCFA pour les frais de communication (cartes de recharge) de l’ex Directeur Général Abdoul Haidara et son comptable. Pendant que les étudiants crèvent de faim sur le campus, dorment dans les conditions les plus déplorables  et peinent ne serait-ce que pour bénéficier de leurs trousseaux et bourses, les responsables du CENOU se permettent certaines dépenses spectaculaires et le comble dépourvues de toute logique. Dans ce paradoxe, une seule question mérite d’être posée : à qui profitent les services du CENOU ?

Historique, missions et objectifs du CENOU :

Le Centre National des Œuvres Universitaires (CENOU) est un Etablissement Public à caractère Administratif (EPA) doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Il a été créé par l’ordonnance n°01-051/P-RM du 25 septembre 2001 modifié par le décret n° 06-394/P-RM du 19 septembre 2006. Il a pour missions de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et d’études des étudiants de l’enseignement supérieur par la fourniture de prestations s’y rapportant.

 

L’Université du Mali, très tôt après sa création en 1996, a été confrontée à de graves problèmes d’infrastructures et de gestion, notamment en ce qui concerne l’hébergement, la restauration, le transport, l’encadrement et les activités récréatives des étudiants. En effet, les quatre internats existants, qui couvrent la FAST, l’IUG, la FMPOS et l’IPR/IFRA de Katibougou, sont en nombre insuffisant pour assurer l’hébergement des étudiants dont l’effectif est de plus en plus croissant. A titre d’exemple, l’internat de la FAST prévu pour 180 étudiants, en abrite plus de 1200 soit près de 7 fois la capacité prévue. Ainsi, pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail des étudiants en vue d’accroître leur performance académique, l’Etat a créé le CENOU et l’a chargé de la gestion du patrimoine universitaire. Le budget annuel du CENOU, d’un montant de 400 millions de FCFA en 2002, est passé à 13 milliards de FCFA en 2009 et à 15 milliards de FCFA en 2010.

 

Qu’à cela ne tienne, la structure a toujours du mal à jouer le rôle qui est la sienne dans le système d’enseignement supérieur. Pire encore, les ressources qui lui sont attribuées font l’objet de mauvaises de gestion voire de dilapidations financières de la part des responsables en charge de son fonctionnement, d’où la question suivante :

 

À qui profitent les services du CENOU ?

Les étudiants maliens sont en principe ceux qui sont sensés profiter des services du Centre national des œuvres universitaires. Cependant le rapport 2010 du vérificateur général Sidi Sosso Diarra nous démontre une autre réalité de cet état de fait. Si notre plume de journaliste nous oblige souvent à contrôler certains de nos propos, notre statut d’être humain où de citoyen malien lambda nous pousse souvent à remettre en cause le bien fondé de certains arguments ou faits. Autrement dit, il est inconcevable de comprendre que deux personnes (quelque soit le poste qu’ils occupent) puissent communiquer jusqu’à hauteur de 3 560 000 FCFA, quand bien même qu’ils bénéficient de lignes fixes.  Il est aussi impossible pour nous de gober, eu égard aux difficultés dans lesquelles vivent les étudiants maliens au quotidien, une telle attitude encore moins de la part de cette structure sensée les assister. Le plus choquant dans cette affaire, c’est que ni Orange, ni Malitel n’ont eu la gratitude de décorer en public le DG et son comptable pour leur fidélité, à moins qu’ils ne soient les clients VIP dont ils se prévalent dans le rapport du VG. En tout cas, le bilan de Monsieur Abdoul Haidara à la tête de cette structure  est teinté de beaucoup d’irrégularités tant administratives que financières, d’où la nécessité aujourd’hui de faire la lumière sur beaucoup de questions qui sont restées jusque là sans réponses.

Le contribuable malien ne mérite-il pas des éclaircissements ?

Le rapport du vérificateur général a mis à nu certaines défaillances qui nous poussent à remettre en cause la transparence des responsables du  CENOU et plus précisément celle du Directeur Général dans la gestion des affaires des étudiants. Dans ce rapport, il est précisé que la structure n’a tenue qu’une seule session de son Conseil d’Administration de sa création à la date de la mission. Des budgets ont donc été élaborés et exécutés sans leur adoption par le Conseil d’Administration en 2007 et 2009 en violation de la loi sur les EPA. Le CENOU  n’a pas validé ses projets de manuel de procédures et de règlement intérieur. Il ne dispose pas non plus d’accord d’établissement. Le CENOU ne respecte pas son cadre organique. Il n’existe pas non plus de fiche de description des postes ni de plan de carrière pour le personnel. Les fiches de demandes d'expression des besoins, les bons de commande, les bordereaux de livraison et les attestations de services faits ne sont pas conservés ensemble sous forme de liasses complètes. Le CENOU ne dispose pas toujours de preuve de lancement des appels d'offres ni de la réception des offres ou de la création de commissions d’ouverture et jugement des offres. Il ne produit pas systématiquement d’attestation de services faits. Le CENOU n’a pas pu fournir, dans certains cas, les supports des études et des travaux déclarés réalisés. Le CENOU compte un effectif de 110 agents, nettement supérieur à l’effectif de 74 prévu dans le cadre organique. Le CENOU n’a pas pleinement joué son rôle dans le traitement et la gestion des bourses, allocations et autres aides sociales. Le CENOU n’a pas mis en place la commission d’attribution des bourses et allocations telle que prévue par la loi. Il en est de même de l’aide sociale et des aides scolaires. Voilà mille et une raisons pour lesquelles, le contribuable malien doit être éclairé et l’ex Directeur Général et ses proches collaborateurs devront répondre devant qui de droit.

Affaire à suivre !!!

 

FOUSSEYNI MAIGA

 

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