Mugabé vu à travers le prisme Mandela

6 September 2019 - 20:23
6 September 2019 - 20:30
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Mugabé vu à travers le prisme Mandela
Même statut de freedom fighter déterminés à lutter contre la marginalisation des leurs. Tous deux furent grands meneurs d’hommes.  Tous deux furent des ennemis  jurés de l’apartheid.  Tous deux connurent les geôles des blancs, le Sud-africain pour vingt- sept ans, le Zimbabwéen, lui, pour dix ans. Au stade critique du combat, tous les deux prirent le maquis. Et tous deux moururent  quasiment centenaires. Tels sont les points communs entre Nelson Mandela, disparu le 5 décembre 2013 et Robert Mugabe qui s’est éteint, hier, 5 septembre 2019. Mais entre les deux héros iconiques, les différences sont de taille. Mandela, fils de chef et avocat appliqué, fut très tôt acquis aux vertus de la non-violence de Mahatma Gandhi jusqu’au moment où il en réalisa les limites. Mugabe, plus plébéien, plus métissé, fut ce tribun surdiplômé qui faisait feu de tout bois. Mandela mit un soin attentif à apparaître comme un chantre de l’égalité des races, Mugabe, aux yeux de beaucoup, fut l’instigateur d’un racisme anti-blanc. Ecoutant l’Histoire, Mandela s’astreignit à un rôle de passeur entre deux générations. Vitrifiant les contradictions, Mugabe se fossilisa au pouvoir. Le Sud-Africain eut à cœur d’arbitrer entre une minorité évincée du pouvoir par l’arithmétique électorale et une majorité qui courait le risque d’être hégémonique et revancharde. Le Zimbabwéen glissa, au fil des ans, de son piédestal de sauveur au statut de despote. Au total, Mandela sera entré vivant dans la légende. Il le devra à son sens de la mesure et à la recherche constante de l’équilibre. Après moult contre-performances et les ravages de l’usure, Mugabe, lui, dût être éjecté par son peuple. Il ne pouvait s’en prendre qu’à son sens de la démesure et à son autisme poussé. Mais, il y a ce que personne ne pourra enlever à Bob. Il s’agit de sa rare éloquence, son sens inné de l’humour et de la répartie, ses inoubliables punchlines. Mais il s’agit aussi de son indiscutable panafricanisme qui le fait applaudir du Caire au Cap. Il est déjà  dans le [caption id="attachment_203091" align="alignright" width="200"]Adam Thiam Adam Thiam[/caption] panthéon de l’Afrique, celles des chaumières bien sûr, mais aussi celle des élites progressistes. Les dernières années de sa vie l’ont chahuté. La mort, désormais, l’absout. Adam Thiam/Maliweb.net  

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