
Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, les Maliens voteront le 29 avril sur toute l’étendue du territoire et en toute sécurité. Le serment du président de la République n’a pas eu de mal à convaincre la classe politique qui s’est mise en ordre de bataille. Et pourtant, il est urgent de ne plus feindre. Ce n’est pas parce que le Nord n’est pas un bassin électoral qu’il n’est politiquement important.
Au contraire, il n’a jamais eu d’autant d’importance que cette année où des aventuriers insouciants ont déclenché une guerre dite de libération, sanglante mais absurde au nom de populations qui les fuient. Il est urgent de ne plus feindre parce que seuls soixante petits jours nous séparent de l’échéance, que les voyants qui balisent le processus électoral sont plus que blafards, que la situation sécuritaire sur le terrain est bien moins rose et moins maîtrisable que nous nous y attendions. Pour au moins cette raison : la rébellion n’est plus le même animal de 1990, en termes d’arsenal et de savoir-faire.
Elle est par conséquent bien plus difficile à réduire à néant. Ni l’incantation chauvine, ni les stratégistes de salon, ni les Rambos de clavier ne changeront quelque chose à cette triste donnée. En revanche, si nous voulons l’élection coûte que coûte, il nous faudra abandonner les postures guerrières, donner toutes ses chances à la paix pour que le Mnla, qui sait qu’il n’a aucun argument crédible pour semer autant de désolation, dépose les armes et vienne au dialogue en abandonnant la surenchère.
Les revendications autonomistes font partie du processus démocratique. Le pays basque, la Corse et l’Irlande qui ont longtemps tenu la dragée haute aux vieilles démocraties en sont la preuve. Le plus important pour l’Etat est de ne pas céder et de limiter les dégâts. Sauver nos compatriotes du Mnla contre eux-mêmes fait partie de la limitation de dégâts. Tout comme préserver la vie de nos soldats pour les guerres qui en valent la peine. Ceux de ce métier ont fait don de leur corps et de leur vie à la nation. Celle n’a d’honneur qu’en leur apportant la sollicitude maximale.
Adam Thiam