La situation sécuritaire au nord du Mali se dégrade chaque jour. La communauté internationale tergiverse sur la solution à apporter à cette crise. Elle est divisée entre le bâton et la carotte. Tandis que la France se démène comme un beau diable pour tenter d’obtenir du Conseil de sécurité une résolution autorisant l’emploi de la force, le médiateur de la CEDEAO, Blaise Compaoré, s’active de son côté, pour des négociations tripartites Gouvernement du Mali-MNLA-Ançar Dine.
[caption id="attachment_93672" align="alignleft" width="199"]

Chahana Takiou, dirpub "22 septembre"[/caption]
Cette rencontre de Ouagadougou révolte beaucoup de Maliens, qui ne croient plus aux vertus du dialogue avec ces deux mouvements terroristes, qui ont égorgé des militaires et des civils à Adiel Hoc, en mars dernier. Au lieu de répondre de leurs actes comme les génocidaires du Rwanda, à travers un tribunal spécial pour le Mali, Blaise Compaoré veut les soustraire des griffes de la justice nationale voire internationale. Au moment même où sont jugés et condamnés, au Burkina Faso, des militaires, qui avaient mutiné, pillé, saccagé, volé, violé aussi bien dans la population civile que dans le cercle des gradés de l’armée. Le MNLA et Ançar Dine ont fait pire que les soldats burkinabés. Alors, pourquoi cette politique de deux poids deux mesures ? La faute de notre pays est d’avoir des dirigeants faibles et surtout une armée ramollie.
Les négociations paraissent incontournables. Elles ont été imposées par la CEDEAO et la communauté internationale. Un vaste couloir dans lequel nos dirigeants se sont engouffrés, notamment le Chef de l’Etat, Dioncounda Traoré et son Premier ministre, Cheick Modibo Diarra. Aujourd’hui, tous deux sont d’accord pour des négociations, avec bien sûr, des préalables. Il s’agit pour les deux organisations terroristes de reconnaitre d’abord l’unicité et la laïcité du Mali. Le Chef du gouvernement ajoute : «il n’y aura ni autonomie, ni autodétermination».
Alors, quel pourrait être la base de discussions ? S’agit-il de discuter pour discuter ? De tourner en rond ? Ou de discuter pour parvenir à un accord entre les trois parties ?
Le faussé est très grand entre les protagonistes pour arracher, dans un délai raisonnable, un accord tripartite. Le Mali n’a même pas mis en place sa Commission de négociations. C’est le ministre des Affaires Etrangères, Tiéman Coulibaly, (encadré par son ainé expérimenté, Tiébilé Dramé), qui représente le gouvernement aux pourparlers de Ouagadougou. Ces discussions, considérées comme la carotte, n’excluent guère le bâton.
C’est pourquoi, le Président de l’Union Africaine, Yayi Boni et celui de la CEDEAO, Alassane Ouattara, ont multiplié les appels à l’endroit du Conseil de sécurité pour le pousser vers une résolution, relative à l’usage de la force dans le nord du Mali, afin de bouter les Islamistes de notre territoire.
Le gouvernement du Mali a, pour sa part, dépêché à New-York une délégation, conduite par le ministre en charge de l’intégration africaine, Mme Traoré, Rokia Guikiné, pour un lobbying auprès de Ban Ki-Moon et autres.
La France, comme nous l’avons dit plus haut, tient au vote d’une nouvelle résolution entre le 10 et le 20 décembre prochain. Le bâton se prépare à New-York, la carotte se plante à Ouagadougou. Alger se prépare pour les deux hypothèses et n’exclut pas en ultime recours une intervention militaire, même si sa préférence, on le sait, est de négocier.
Chahana Takiou