Mon Dieu, que vous a donc fait le Mali ? Et quelle blessures s’infligera t-il demain ? Quelle autre humiliation, ses « décideurs » réservent t-il encore à un pays qui a gravi, en quelques semaines, tous les échelons de la douleur et de la dérision ?
[caption id="attachment_58548" align="alignleft" width="290" caption="Le Grand Frère, Adam Thiam"]

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Ses civils fiers sont devenus par centaines de milliers et en quelques jours, des réfugiés abonnés aux plaquettes vitaminées des humanitaires. Ses soldats qui passaient, - mirage des auto-évaluations - pour la meilleure armée de la sous-région, se planquent ou détalent lorsque la parade doit faire place à la guerre. Sa rébellion ne réalise toujours pas le tort porté à la nation et continue à revendiquer un territoire sans citoyens autres que des déserteurs, des barons du narco-terrorisme et hélas des civils poussés par l’amalgame.
En quelques heures, la colère des bidasses balaie un pouvoir tombé comme un fruit mur malgré l’inflation d’officiers supérieurs. Sa diaspora, fière partout de l’image de stabilité et de démocratie de son pays, ne peut plus relever la tête. Et voilà que sa classe politique qui malheureusement n’a pas grand-chose à avoir avec la politique, au sens noble du terme, et sa société civile qui est, dans la politique qu’elle le reconnaisse ou non, se bousculent à Ouagadougou où elle se crêpe le chignon dans des discussions qu’on ne peut tenir, hors du Mali et même pour trois heures, compte tenu des urgences, si on a encore de l’égard pour son peuple. Car c’est dans un pays privé des trois quart de sa superficie qu’on s’échine sur les critères du Premier ministre, le sort du président intérimaire dans quarante jours. Le Mali mérite mieux. Il est gravement blessé. Et si cette élite ne peut pas la soigner, elle doit avoir la décence de ne pas l’achever.
Adam Thiam