Braconnage dans la Région de Tombouctou : Une famille d’éléphants entièrement décimée
Les zoophiles et autres organisations protectrices d’animaux sauvages sont en deuil au Mali. Leur consternation dure depuis deux semaines suite à une hécatombe survenue parmi les pachydermes dans la Région de Tombouctou. Les mammouths, sans doute en transhumance comme d’habitude, ont été retrouvés sans vie et dépourvus de leurs défenses dans un endroit où l’insécurité résiduelle fait la bonne affaire des malfaiteurs sans foi ni loi. Ils ont été fauchés sans ménagement par des braconniers qui règnent désormais en maîtres absolus dans un pays qui peine encore à déployer l’administratif dans certaines parties du territoire.
En l’absence de toute trace de forestiers dans la zone, les autorités maliennes en ont été alertées, selon toute vraisemblance, par une organisation internationale de protection des éléphants du Gourma. L’Ong Wild Foundation -c’est d’elle qu’il s’agit- a répertorié pas moins de sept individus, soit une famille entière qui a fait les frais d’un braconnage qui semble prendre impunément de l’ampleur dans le Gourma malien, depuis que ce pays traverse une instabilité sans précédent dans son histoire.
Recoupements faits auprès du département de l’environnement, il nous est revenu que le crime perpétré contre les pauvres bêtes est survenu précisément, Mardi 1er Avril 2015, à Tin-Amaghid, une localité située à une trentaine de kilomètres environ tout à l’Est d’Inadiatafane en Région de Tombouctou. Leurs dépouilles, débarrassées de leurs précieuses substances, ont été abandonnées aux rapaces. Excepté, selon la même source, du plus colosse du troupeau que les bourreaux ont épargné visiblement pour avoir éprouvé des difficultés à manœuvrer la carcasse.
La famille des éléphants, selon toute évidence, n’a jamais subi un massacre aussi massif en un seul assaut. Son ampleur est d’autant plus inquiétante qu’elle est indicative d’une transformation du Gourma malien en mouroir pour une espèce déjà menacée par la dégradation progressive de son environnement naturel. L’éléphant d’Afrique de l’Ouest –dont l’ivoire est très prisé à travers le monde- n’existe qu’en nombre très limité. C’est pourquoi, les organismes de défense de la biodiversité se démènent comme elles peuvent pour la préserver.
Très affecté par la dimension génocidaire de la perte, ‘’Wild Foundation’’, ne sachant plus où donner de la tête, a sollicité et obtenu de l’autorité de tutelle qu’elle organise des patrouilles dissuasives avec l’armée.
En attendant, des têtes n’ont pas tardé à tomber. Le directeur national de la protection de la nature a fait les frais de l’inénarrable attentat à la vie des éléphants par un limogeage en règle survenu au premier conseil des ministres après le massacre. Adi Karim Touré a été remplacé par Biramou Sissoko, qui hérite de la délicate tâche de veiller à la survie des animaux exotiques, là où les humains sont eux-mêmes sont de moins en moins rassurés d’une existence paisible.
Quant à l’origine des braconniers et la destination de leurs butins, les spéculations vont bon train. Pendant que d’aucuns soutiennent que les ramifications du filon se trouvent en Algérie en passant par les zones sous contrôle de la rébellion armée, d’autres sont convaincus que les ficelles du braconnage sont tirées depuis le Burkina-Faso, pays directement connecté au Gourma malien et avec lequel le Mali partage la transhumance de l’espèce.
Abdrahmane KÉÏTA
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