Perspectives politiques et échéances électorales de 2012 : L'Adema et le Mali à la croisée des chemins de la démocratie
Le constat récurrent est que l'éthique est une invitée indésirable dans les 20 ans de démocratie du Mali. C'est pourquoi, les partis politiques sont de plus en plus décriés. Les électeurs ont plus confiance aux " indépendants " et à la société civile qu'aux candidats des partis politiques. Le peuple en a aujourd'hui ras-le-bol de leurs coups de gueule, coups bas, jeux de passe-passe, de positionnement et le non-respect des promesses tenues au moment des campagnes.
Après vingt ans de démocratie, nous devons faire un bilan objectif. Le Mali apparaît comme l’un des laboratoires de la démocratie africaine. Mais, cela n'a pas toujours résolu un problème fondamental : le faible taux de participation des électeurs aux différents scrutins ; le dernier exemple étant les élections municipales en Commune IV du District de Bamako et dans la ville de Bourem. Le vote n'a tout son sens que lorsque le citoyen met son bulletin dans l’urne en connaissance de cause. La démocratie n'est pas qu'électorale. Elle est aussi conscience, conviction et aspiration populaires. A quoi servent les élections si elles installent au pouvoir des gens qui vampirisent les ressources de l'Etat et condamnent les peuples à vivre dans la misère, laissant la jeunesse désœuvrée, sans avenir.
Une fois les candidats élus, ils viennent aux commandes pour se servir et non pour servir. La véritable démocratie commence par la remise à chacun de ce qui lui revient, dans ce qui appartient à tous. Une juste et équitable répartition des richesses nationales.
Le constat récurrent est que l'éthique est une invitée surprise dans les 20 ans de démocratie du Mali. C'est pourquoi, les partis politiques sont de plus en plus décriés. Les électeurs ont plus confiance aux indépendants et à la société civile qu'aux candidats des partis politiques. Le peuple en a aujourd'hui ras-le-bol de leurs coups de gueule, coups bas, jeux de passe-passe, de positionnement et le non-respect des promesses tenues au moment des campagnes.
La démocratie n'est pas dans les institutions mais dans les hommes. Le cas de Moussa MARA peut nous édifier. Il a pris l'ascendant sur des leaders de partis phares du Mali en Commune IV du District de Bamako. Il a eu la chance de devenir un modèle de réussite pour la jeunesse, vidant ainsi les partis politiques classiques de leur substance. Il a montré à toute une nation que l'argent et le pouvoir ont des limites en matière électorale. On se pose la question de savoir si les valeurs individuelles ont un sens au sein de nos formations politiques. La démocratie a-t-elle apporté le déclin de la moralité en Afrique et au Mali en particulier ? La jeunesse malienne a besoin d'un modèle qui lui sert de cadrage. Qu'est-ce que la classe politique aimerait que cette jeunesse retienne d'elle ? Des arnaques, des vagabondages entre formations ? Sachons raison garder. Le sage africain rappelle que " C'est sur une ancienne natte qu'on s'assoie pour tisser une nouvelle".
Tout Malien a des bribes de démocratie dans le sang. Le Mali dans son histoire a vécu la démocratie. Il doit servir de référence aux processus de démocratisation avec les célèbres empires que nous avons connus: Mali, Songhaï, Macina, etc. Recréer la démocratie en l'adaptant à nos réalités, c'est cela qui doit nous inspirer dans une éventuelle réforme constitutionnelle, de toilettage du Code des personnes et de la famille et pour d'autres textes de lois. Et pas des clichés venus d'ailleurs! Ce rôle, le PASJ doit se l'approprier.
L'ADEMA sera-t-elle spectatrice ou actrice en 2012 ?
Après deux défaites à l'élection présidentielle, les militants ne pardonneront pas au Comité Exécutif (CE) du parti de retomber dans les zizanies des marchands d'illusions, les assassins de la démocratie et les conflits dus aux politiques aberrantes.
En 2002, la candidature de Soumaila CISSE a divisé le parti pour plusieurs raisons. En 2007, Soumeylou Boubèye Maïga fut, à son tour, exclu du parti au profit d'ATT. A qui le tour maintenant? Malgré l'affirmation du principe de la candidature interne, les fossoyeurs de la démocratie rôdent encore. Certains cadres utilisent les lynchages médiatiques, des dénigrements pour se positionner.
Les trahisons se font sentir à un mois de l'investiture du candidat. " Celui qui a trahi, trahira et sera trahi ", dit le sage. Félix Houphouët Boigny a dit : " L'histoire est un témoignage, elle repose sur la vérité et lorsqu'elle est nue, elle est encore plus belle. Si les gens comprenaient les dangers que comporte l'utilisation de certains mots dans le dictionnaire, devant les librairies serait enveloppé d'une bande rouge explosive à manier avec soin."
Pourtant, il faut se méfier de ce souvenir sombre pour faire face à cet impératif : analyser sans passion et avec discernement les erreurs, les raisons des échecs et élaborer de nouveaux préceptes. Les contradictions au sein d'un parti sont indispensables, mais pas dévastatrices.
La démocratisation d'une société n'est pas une œuvre d'agitation politique, de lutte fratricide, d'intolérance et d'égocentrisme. L'ADEMA a besoin de l'unité et du soutien de tous ses militants pour se révéler, sinon la course vers Koulouba sera compromise. Chaque candidat doit présenter un projet de société répondant à l'adhésion populaire. "On ne défend pas un homme, on défend un programme".
Le temps des affrontements, des invectives est révolu. L'ADEMA ne doit pas s'identifier à quelqu'un. Personne n'est indispensable, le système va créer un autre qui saura s'imposer. Si les compétences s'affirment, il faut les laisser participer sans les étouffer. Que les bourreaux de la démocratie sachent que nous sommes en transition sur terre, aucun pouvoir n'est éternel, sauf celui de Dieu.
A défaut du consensus, le dernier mot doit revenir aux délégués des différentes sections et non à une minorité. Evitons que la malédiction des partis appartenant à l'International Socialiste atteigne l'ADEMA comme le FPI de Laurent Gbagbo, le scandale Dominique Strauss-Khan du PS en France. Certains cadres ont déjà préparé les funérailles de l'ADEMA, après l'investiture du candidat, au cimetière de Hamdallaye.
L'ADEMA doit se retrouver autour d’une table pour une dynamique unitaire. Il doit y avoir un dialogue inclusif portant sur le problème des candidatures. Le parti a un manque criard de personnalités pouvant briguer la magistrature suprême qui préfèrent rester dans l'anonymat à cause des coups bas.
Inspirons-nous du modèle du NPP au Ghana. Le candidat a été désigné sans trompettes ni tambours ni lynchages médiatiques. Certains vont réagir sans scruter mon article. Je demande à tout un chacun d'apporter sa pierre pour la reconstruction de la démocratie qui est désuète au Mali.
Je lance un appel à toute la jeunesse du Mali et aux gens soucieux de notre cher pays, de laisser toutes les considérations politiques pour faire face aux fossoyeurs de la démocratie et des marchands d'illusions. Les contradictions intellectuelles pondent toujours des actions positives au-delà des affinités personnelles. Un site sera créé pour vous exprimer et nous devons prendre notre destin en main.
Abdoulaye M MAIGA
DEA droit privé,
Université de Lomé
Ablomaiga2007@yahoo.fr
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