De drôles d'oiseaux sur Maliweb.net

Un  groupe de commentateurs  sur maliweb.net  m'a toujours fasciné, non pas que j'adhère à leurs idées, mais comme objet d’étude. Voilà un petit groupe qui a orchestré et réussi une opération collective de montée en puissance vers la visibilité. Alors qu'aucun n'aurait probablement réussi à percer et arriver seul là où il est, en chassant en meute, ils y sont arrivés. Ils ont compris qu'être plusieurs permettait d’être efficace (ils ne s'en privent pas), et de former ainsi un pack qui permet, lentement mais sûrement, d'avancer dans les classements de nombre de commentaires et de discréditer toute publication critique envers le pouvoir en place. D'autres essayent sur la même voie, mais avec moins de succès, car moins soudés, moins prolifiques aussi. On ne s'acharne pas à se justifier ainsi, aussi systématiquement, si le sujet n'en vaut pas la peine. Petit à petit, j'ai découvert que ces braves commentateurs ont chacun plusieurs pseudonymes. D'abord, je leur dit bravo, car tenir un seul compte, ça prend du temps, mais alors plusieurs… A côté du commentateur individuel, qui n'a qu'un seul compte, leur méthode est une autre manière d'émerger, qui n'est finalement pas plus illégitime que cela. Ils ont créé un bel instrument, une sorte de vaste compte coopératif décentralisé, avec une forte coordination (qui doit leur bouffer du temps, ils dorment quand ?). Non seulement ils postent en chœur, mais ils viennent commenter en meute, obtenant ainsi une visibilité certaine. Dans les deux cas, difficile de les louper. Le résultat est toutefois là. A partir du commentaire d'actualité (sur les sujets qui font de l'audimat) ils ont réussi à squatter les classements des commentateurs Maliens sur internet, en utilisant un système de toute manière sur le déclin, car insatisfaisant pour de plus en plus de lecteurs. Ils ont enfin plus ou moins réussi à faire croire que l’actualité politique est dominée par les succès de IBK. Mais leur réussite n'est pas si complète... Ils ont quelque peu occulté les groupes sur les réseaux sociaux, parfois très opposés au système IBK, qui sont surtout visibles et surtout plus "lourds" en terme de contenu et d'audience que nos amis "commentateurs". Mais ils n'en ont pas pris réellement le leadership. Leur "influence réelle", c'est à dire leur capacité à être persuasifs, à répandre leurs idées et à changer l'opinion de leurs lecteurs est assez limitée. Ils débattent beaucoup, mais ne sont pas souvent eux qui posent les débats, qui décident des sujets sur lesquels on va gloser. La faute sans doute à un contenu souvent très sympathique et amusant, mais très superficiel et trop souvent dans la critique militante (c'est à dire bête, méchante et stérile). Je vais être cruel, mais ça manque quand même singulièrement de fond, de propositions solides, d'idées nouvelles et innovantes, d'analyses fulgurantes. Ça manque aussi de débats, car ils se reprennent les uns les autres, approuvant sans réserve les contenus d'un article sans apporter quoique ce soit. C'est un peu dommage, car avec un tel outil, ils pourraient mener de vrais débats de fond et devenir un lieu où une certaine pensée du régime de IBK se construit, par le dialogue, l'échange suivi de gens qui se connaissent, se respectent et ont un socle commun de convictions  et sont prêts à y consacrer du temps. Une contribution de Mr Séga DIARRAH Président du Think Tank la R.A.D.E Associate – Fusions & Acquisitions à la Société Générale Corporate Banking (Paris – France) Diplômé de l’ École Polytechnique Fédérale de Lausanne  (Suisse) Diplômé de Institut d'études politiques de Paris ( SciencesPo  Paris - France)