Le capitaine Sanogo : le Dadis malien ?

28 March 2012 - 00:10
28 March 2012 - 00:10
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Depuis le jeudi 22 mars 2012, beaucoup de choses ont changé au Mali. L’acte symbolique de ce chambardement, c’est bien l’émergence d’une junte militaire en lieu et place du pouvoir constitutionnel qui était incarné par le président Amadou Toumani Touré. A la tête de cette junte, s’affirme progressivement un homme, le capitaine Amadou Haya Sanogo. Un jeune capitaine qui, à plusieurs égards, ne manque pas de rappeler un autre capitaine qui, dans des circonstances quasi similaires, s’était imposé au devant de l’actualité en Guinée il y a un peu plus de trois ans. Il s’agit du capitaine Moussa Dadis Camara qui, à la tête du fameux CNDD, avait succédé au général Lansana Conté, mort le 22 décembre 2008. En plus de leur jeunesse et de leur inexpérience, les deux hommes partagent également beaucoup d’autres choses dont le fait de n’être pas suffisamment connus au sein même de leurs armées respectives. Mais au-delà des hommes, les coups d’Etat qu’ils ont fomentés ont des points communs. Ce qui, pour les Maliens, n'est peut-être pas une bonne nouvelle. Excepté le fait que Sanogo a un teint plus foncé que Dadis, les deux chefs de junte ont beaucoup de traits de ressemblance. C’est ainsi que, comme les Guinéens il y a plus de trois ans, les Maliens ont regardé avec une certaine curiosité les premières images montrant le capitaine Amadou Haya Sanogo. Parce que comme Dadis, le chef du Comité national de redressement de la démocratie et de la restauration de l’Etat (CNRDRE), n’est pas particulièrement connu de ses compatriotes. Situation d'autant plus compréhensible que le nouvel homme fort n’avait pas exercé de hautes fonctions dans la hiérarchie de l’armée malienne. Sa jeunesse et son grade ne l’y autorisaient peut-être pas. Ou peut-être que le népotisme dont on parle aujourd’hui l’en a empêché. Toutes choses qui se manifestent à l’agitation et la spontanéité qui caractérisent ses premières déclarations. On sent tout de suite qu’on n’a pas affaire à quelqu’un qui était préparé à l’exercice de la mission qui est, de fait, la sienne. Motivé et se voulant bien intentionné, le capitaine Sanogo est là aussi sur les traces de son prédécesseur guinéen. Il se veut sincère. Un terme qui était particulièrement cher au capitaine Dadis. Quant à ses premières intentions, le capitaine Sanogo indique qu’il n’est pas dans le désir de son équipe de « s’éterniser au pouvoir ». Cette promesse pourrait faire sourire plus d’un. Parce qu’au temps de la gloire à la tête du CNDD, le capitaine Dadis n’avait pas dit moins. Mais dans le cas guinéen, le chef de la junte s’était tout de même montré un peu plus précis quant au délai au bout duquel il rendrait le pouvoir. A cela s’ajoutent la dimension un peu vague des motivations du coup d’Etat et de la mission du CNRDRE, telles qu’elles ont été énoncées par le capitaine Sanogo. Au-delà de ces quelques points identiques chez les deux chefs de junte, les observateurs notent certaines attitudes chez le CNRDRE qui font penser au CNDD. Il s’agit, notamment des scènes de pillage qui traduisent le caractère relatif de l’autorité de la nouvelle junte sur l’ensemble de l’armée malienne. Autant Dadis avait une voix de stentor avec des colères légendaires, autant Sanogo avec sa voix éraillée, peine à s'exprimer et inspire pitié !... Il y a également le fait qu’à l’intérieur du pays, les putschistes sont perçus à la fois comme des héros et des sauveurs, alors qu’à l’extérieur les condamnations les plus fermes pleuvent les unes après les autres. Mais il faudra tout de même faire remarquer qu’à la différence du CNDD d’il y a quelques années, le CNRDRE suscite une certaine hostilité de la part des grandes forces politiques du pays. Les partis politiques, les associations et autres syndicats exigent son départ immédiat et sans condition! Une attitude qui pourrait s’expliquer par la mésaventure qu’avait eue le capitaine Dadis et dans laquelle, il a failli entrainer la Guinée, alors même qu’il avait été applaudi des deux mains par les forces politiques et sociales guinéennes à son avènement. Décidément, le  passé peut servir à quelque chose ! Clarisse Njikam

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